Axe 1 - Apparition et diffusion du débitage par extraction

Ce débitage qui consiste à extraire sélectivement du bloc de matière première une portion définie, permet d’obtenir des supports de forme et de dimensions déterminées. Il constitue une invention conceptuelle majeure du travail des matières osseuses.

Conceptuellement ce débitage se rapproche du débitage laminaire (Averbouh 2000 p. 154 ; Goutas 2009) appliqué à la taille du silex en ce qu’il permet de produire des supports de forme identique, artificielle et standardisée, le plus connu étant la “ baguette ”, proche morphologiquement des lames.

Cette possibilité de reproduire en nombre et à l’identique un support puis un objet fini ouvre vers la production standardisée de masse qui marquera l’évolution de certaines catégories d’objets comme les pointes de projectile.

Apparu globalement au cours de la première moitié du Paléolithique supérieur (présent dans le Gravettien ancien en Europe occidentale (Goutas 2004), peut-être antérieur en Europe Orientale, ce débitage se développe et gagne en maturité au cours de la seconde moitié du Paléolithique supérieur pour perdurer jusqu’aux âges des Métaux (et même jusqu’à nos jours).

Toutefois, la façon pratique de le mettre en œuvre et les procédés techniques utilisés varient au cours de cette longue échelle chronologique. C’est précisément autour de ces aspects et de l’apparition de cette invention qu’un travail collectif peut être envisagé sur une large échelle chrono-culturelle et géographique permettant d’aborder les mouvements de populations ou d’idées entre Europe occidentale, centrale et orientale.

A l’heure actuelle, cette invention est mal connue et peu de débitages par extraction ont été concrètement caractérisés d’un point de vue technique et économique (à peine 4 ou 5 et exclusivement pour le Paléolithique supérieur d’Europe occidentale).

L’objectif des membres du GDRE PREHISTOS est donc de rechercher des cas de débitages par extraction sur le continent européen du Paléolithique au Premier Age du Fer. Nous pourrons ainsi combler nos lacunes en établissant dans un premier temps une caractérisation technique et économique de chacun de ces cas (fiche d’analyse débitage) et en identifiant de nouvelles variantes de débitages par extraction. Nous chercherons, dans un deuxième temps, à cerner les zones et les périodes de présence/absence de ce débitage et à étudier les similitudes pratiques et économiques dont pourront témoigner les cas reconnus, avec pour objectif final de retracer l’histoire de cette invention pendant la Préhistoire en Europe (apparition, emprunt, diffusion, adaptation, abandon) et d’identifier les liens qu’elle peut potentiellement entretenir avec le biseau dans les systèmes d’emmanchement.



Références bibliographiques citées

AVERBOUH A. (2000) – Technologie de la matière osseuse travaillée et implications palethnologiques : l’exemple des chaînes d’exploitation du bois de Cervidé chez les Magdaléniens des Pyrénées, thèse de doctorat de Préhistoire, université de Paris I, 2 vol., 253 et 247 p.

GOUTAS N. (2004) – Caractérisation et évolution du Gravettien en France par l’approche techno-économique des industries en matières dures animales (étude de six gisements du Sud-Ouest), doctorat de préhistoire de l’université de Paris I-Panthéon-Sorbonne, 2 vol., 680 p.

GOUTAS N. (2009) – Réflexions sur une innovation technique gravettienne importante : le double rainurage longitudinal, Bulletin de la Société préhistorique française, 2009, tome 106, no 3, p. 437-456